Manjari aide les travailleurs à s’inscrire pour les allocations

Les images étaient saisissantes. Des millions de travailleurs quittaient les villes, parcourant des centaines de kilomètres à pied pour retourner dans leur village natal, à peine quelques jours et heures avant que le Gouvernement indien n’impose le confinement et l’interdiction de voyager pour contrer la propagation du Covid. Et au centre de cet exode en 2020, l’importante répercussion d’une main-d’œuvre non enregistrée.

Man sits at computer, registering Indian women workers for their E-Shram card.
Les travailleuses se font aider pour s’inscrire à leur carte e-Shramik, qui leur donne accès aux allocations d’emploi et à la sécurité sociale.

L’inscription donne accès à la sécurité sociale. Sans ça, un travailleur ne reçoit aucune aide de l’État quand les temps sont durs. C’est une situation que Manjari, l’ONG qui travaille sur le terrain dans la zone de production de pavés à Budhpura, Rajasthan, connaît depuis de nombreuses années. Qu’ils soient migrants ou locaux, les travailleurs ne sont pas, pour la plupart, enregistrés.

Améliorer les conditions de travail pour tous est un élément essentiel de la création des zones de travail sans enfants (Child Labour Free Zones). C’est pourquoi depuis de nombreuses années, Manjari est au cœur de discussions avec les propriétaires de chantier pour leur faire comprendre l’importance d’enregistrer les travailleurs, afin qu’ils puissent accéder à leurs droits du travail.

S’inscrire à la carte e-Shramik

La carte e-Shramik – un nouveau procédé gouvernemental – a permis à Manjari de faire un grand pas en avant. Instaurée l’année dernière pour octroyer à chaque travailleur un code unique de 12 chiffres, elle leur permet d’accéder aux allocations d’emploi et à la sécurité sociale.

Cependant, l’enregistrement peut être difficile pour ceux qui ne disposent pas des derniers appareils numériques ou de l’accès à Internet. D’autres personnes sont intervenues pour pallier ce manque. « Les gens essayent d’en tirer profit », explique Manish. « Cela devrait coûter 20 à 30 roupies, mais maintenant ils demandent 200 à 300 roupies. »

Pour aider les travailleurs, Manjari a établi un centre d’enregistrement avec un accès Internet, une imprimante et une plastifieuse. « Nous sommes allés à la rencontre des femmes dans les groupes d’entraide, par exemple », dit-il, « et en seulement quelques jours, nous avons pu créer une centaine de cartes. »

C’est un travail intéressant pour Manjari, qui rencontre des travailleurs qui ne s’étaient encore jamais manifestés. C’est aussi très intense. Grâce au porte-à-porte effectué dans déjà dix villages, ils se sont assurés que chaque ménage puisse obtenir une carte. Un nouveau camp d’enregistrement sera prochainement installé près de Sukhpura. « Nous espérons toucher tous les travailleurs de la zone, » ajoute-t-il.

Une complication que nous rencontrons est que l’enregistrement doit être lié à la carte Aadhaar d’une personne, qui est en fait un système d’identification qui permet d’accéder aux services bancaires et téléphoniques, entre autres.

« Et lier la carte e-Shram à l’employeur est très important, » explique Manish. « Lorsqu’ils se blessent ou qu’il y a des infractions sur le lieu de travail, nous devons savoir sur quel chantier ils se trouvent. »

Travailler avec les entreprises

Bien que l’e-Shram soit un développement apprécié, ce n’est qu’une partie de la solution. « Les entreprises locales gardent leurs distances », explique Manish. « Nous avons beau être ici depuis 10 à 12 ans maintenant, elles ne viennent pas vers nous. »

Cela ne veut pas dire que nous n’avons rien accompli. L’un des chantiers dispose d’une machine électronique qui identifie les travailleurs via la reconnaissance faciale ou l’empreinte digitale. Les travailleurs reconnaissent de plus en plus les avantages des pratiques de travail officielles telles que celle-ci, car elle leur fournit une trace écrite du nombre d’heures qu’ils ont travaillées. Et les centres d’éducation non formelle sur les chantiers de pavés ont permis à un bon nombre de jeunes enfants de retourner sur les bancs de l’école.

« Nous avons besoin d’instaurer une plus grande confiance entre toutes les parties prenantes », ajoute Manish. « Elles sont sur la défensive. Mais nous ne les accusons de rien, nous leur demandons simplement un peu plus – à savoir des systèmes pour s’assurer que tous les enfants retournent à l’école, et que tous les travailleurs aient des droits. »

Le pouvoir de la pression positive

C’est là que des entreprises comme London Stone et Brachot, partisans de No Child Left Behind, peuvent ajouter leur voix. « Nous avons besoin de pression positive de la part des entreprises internationales », explique Manish, « pour que nous puissions expliquer clairement qu’il n’y a aucun mal à ce que les enfants retournent à l’école, et que faire enregistrer tous les travailleurs ne va en aucun cas affecter leur entreprise. »

C’est pourquoi London Stone et Brachot contacteront leurs fournisseurs pour promouvoir l’enregistrement des travailleurs. Toute personne active dans le secteur de l’aménagement paysager peut y contribuer, que vous fassiez concevoir un nouveau jardin, ou que vous en conceviez un, construisiez un, ou importiez des matériaux d’aménagement paysager. Montrez que la façon dont les matériaux sont produits a de l’importance. « De nombreuses entreprises basées en Europe n’ont aucune information sur les différents acteurs de leur chaine d’approvisionnement », raconte Manish.

Commencez par poser des questions. Et rejoignez-nous pour exercer une pression positive afin de faire changer les choses.

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